Maladie du légionnaire

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Un homme chez le médecin tousse Getty / Katarzyna Bialasiewicz

La maladie du légionnaire est une maladie bactérienne de gravité variable provoquant une pneumonie. Certaines formes graves pouvent conduire au décès (75 à 80 % ont plus de 50 ans). On vous dit tout de cette pathologie dans notre article !

Maladie du légionnaire : historique

La bactérie a été identifiée en 1977 suite à une épidémie survenue en 1976 chez 182 participants lors du 58ème congrès de la légion américaine à Philadelphie. 29 d'entre eux sont décédés ; la bactérie s'était propagée par le système de climatisation de leur hôtel.

La maladie du légionnaire a une durée d'incubation de 2 à 10 jours (voire 16 jours dans certains cas). Elle se traduit par différents symptômes très proches de ceux de la pneumonie à pneumocoque. D'ailleurs, aucun argument clinique et radiologique ne permet de les distinguer, seule des analyses des sécrétions bronchiques, analyses de sang et la recherche de l'antigène spécifique de la légionella au niveau des urines permettent d'en faire le diagnostic.

La virulence de la maladie sera fonction de la souche et de sa concentration.

Il s'agit d'une maladie à déclaration obligatoire afin de pouvoir réaliser une détection précoce des cas groupés. Le malade et sa famille seront alors interrogés sur leurs lieux de fréquentations précédant de 2 à 10 jours l'apparition des premiers symptômes. On constate un pic saisonnier durant l'été et à l'automne.

Maladie du légionnaire : causes et symptômes

Causes

Elle est provoquée par des bactéries du genre légionella, largement répandues dans la nature. On les trouve dans les écosystèmes naturels (lacs, rivières, sources d'eau chaude...) qu'elles colonisent lorsque les conditions de leur développement sont réunies comme une température comprise entre 20°C et 50°C (35°C pour la température optimale), la présence de bras morts, la présence de biofilm ou d'autres micro-organismes des milieux aquatiques.

Elles prolifèrent également dans les réseaux de distribution d'eau en présence de certains matériaux comme le fer, le zinc, l'aluminium, le PVC.

Symptômes

Les symptômes de la maladie du légionnaire sont :

  • une fièvre élevée (39-40°C) ;
  • une toux initiale avec parfois expectoration de sang dans 1/3 des cas ;
  • une perte d'appétit ;
  • des céphalées ;
  • un état de malaise voire une léthargie ;
  • des douleurs musculaires ;
  • des douleurs abdominales avec diarrhée dans certains cas ;
  • un état confusionnel pouvant aller jusqu'au coma.

La maladie peut évoluer vers trois types de complications souvent fatales :

  • l'insuffisance respiratoire irréversible ;
  • l'insuffisance rénale aiguë ;
  • un état de choc et une défaillance multiviscérale.

Bon à savoir : il existe de rares séquelles cérébrales.

Traitement de la maladie du légionnaire

Il repose sur une antibiothérapie. La bactérie est souvent résistante aux pénicillines, si bien que l'on utilisera plus volontiers d'autres classes telles que les macrolides (ex: érythrocine), les rifamycines (ex: rifampicine) ou les fluoroquinolones (ex: ciprofloxacine).

Bon à savoir : les personnes ayant été exposées à des aérosols contaminés ne reçoivent pas systématiquement de traitement antibiotique mais font l'objet d'une surveillance médicale.

Maladie du légionnaire : mode de contamination

La voie la plus courante de transmission passe par l'inhalation d'aérosols contaminés (comme l'air respiré dans une salle climatisée) ou par l'intermédiaire de gouttelettes de vapeur lors d'une douche chaude.

Il existe donc un risque important de la part des tours aéroréfrigérantes industrielles (TAR). Ces dernières sont utilisées pour la climatisation de locaux de grande taille, des salles informatiques, ou pour le refroidissement de process industriels dégageant de la chaleur.

Les autres sources de contamination sont représentées par tous les systèmes comportant de l'eau stagnante :

  • les cumulus ;
  • les piscines ;
  • les bains à remous ;
  • les équipements de stations thermales ;
  • les fontaines...

Il n'existe pas de contamination inter-humaine constatée à ce jour : la personne malade ne nécessite donc pas de mesure d'isolation.

Différents facteurs de risque de la maladie du légionnaire

Facteurs de risques de légionellose

Ces facteurs sont :

  • l'âge ;
  • le sexe : maladie plus fréquente chez les hommes (60 à 70 % des cas) ;
  • le tabac ;
  • l'éthylisme ;
  • les maladies pulmonaires déjà présentes chroniques ou pas ;
  • les personnes immunodéprimées (suite à une transplantation d'organe, cancéreux, personnes sous corticoïdes au long cours) ;
  • les personnes souffrant d'insuffisance rénale chronique.

Facteurs de risque pour infections nosocomiales

Il s'agit :

  • un acte chirurgical récent ;
  • une intubation ;
  • une ventilation mécanique ;
  • une ou des aspirations laryngées ;
  • la pose d'une sonde naso-gastrique.

On dénonce en France 1 200 à 1 500 cas chaque année.

Maladie du légionnaire : mesures de prévention

Toutes les mesures vont agir contre la multiplication et la dissémination des légionellas. On peut agir à trois niveaux :

Au niveau des points de puisage et de canalisation

Il faut assurer un entretien suffisant des installations en détartrant, désinfectant au moins une fois par an les équipements de robinetterie et éléments périphériques tels que les pommeaux de douche, les brise-jets,les filtres de robinets, les joints, les flexibles de douche. Pour cela on utilisera une solution à pH acide tel que le vinaigre blanc, d'usage facile et peu coûteux et l'eau javellisée à froid.

En évitant la stagnation de l'eau

Pour ce faire, voici les recommandations :

  • Suite à des travaux ou en cas de non-utilisation récente des installations, il convient de purger le ballon d'eau chaude et les canalisations en faisant couler les robinets.
  • En ce qui concerne les robinets peu utilisés voire non utilisés, il est nécessaire de les laisser couler un peu chaque jour ou au moins une fois par semaine.
  • Il pourrait même s'avérer important de laisser couler les robinets d'eau chaude et froide durant quelques instants le matin au moment de leur première utilisation.

Au niveau de la production d'eau chaude

En cas de présence d'un ballon d'eau chaude, il est important de régler la température de production d'eau chaude à 60°C minimum afin que l'eau soit à environ 50°C au niveau des points d'usage. Ce réglage peut alors nécessiter la présence de robinets thermostatiques afin d'éviter tout risque de brûlure. Il faut penser aussi à purger régulièrement le ballon pour en éliminer le tartre.

Bon à savoir : on ne peut pas se contaminer en ingérant de l'eau contaminée par les légionelloses.

Ces pros peuvent vous aider